Les parents
Paul François IMBERT âgé de cinquante et un ans, cafetier à La Farlède, né le 14 janvier 1852 à EVENOS et veuf de Marie Victoire Elizabeth HERMITTE, épouse le 29 juillet 1903 à La Farlède une jeune italienne de vingt trois ans, Maria MANASSERO née le 2 août 1880 à CHIUSA DI PESIO en Italie. Demeurant à SOLLIES-VILLE, elle est journalière et fait du charbon de bois avec son père. Les parents de Maria sont présents à ce mariage. Maria n’a jamais été à l’école que le jeudi, c’est une dame qui lui a appris à lire et à écrire mais elle éprouve encore des difficultés à ce sujet. C’est Paul François qui continue après leur mariage à lui enseigner la lecture et l’écriture.
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L’arrivée du bouche trou
De ce mariage naquit Jeanne vers 1905, Félix vers 1907 qui sera en 1919 écrasé par un tramway ; il n’a pas gagné assez d’argent en vendant des journaux et ne peut se payer le billet de transport. Il est alors poussé hors du tramway par le contrôleur. Paul voit le jour le 10 janvier 1910, Antoinette le 2 mars 1912 après deux autres enfants qui ne vécurent pas mais dont nous ne savons les années de naissance. Puis, aux Garréjades de la commune de La Farlède, le 23 avril 1919 arrive le « bouche trou » (car elle est la dernière et ferme le passage) : Elisa Thérèse Baptistine Anna IMBERT. C’est donc la septième enfant du couple IMBERT-MANASSERO. Sa grand-mère maternelle la nommera toujours Thérèse, nous nous l’appellerons Lisette.
Claire, la fille aînée du premier mariage de Paul François IMBERT voit d’un très mauvais œil tous ces enfants que son père a de nouveau avec une autre femme que sa mère et se montre superbement désagréable et méchante.
Quand à Baptistin, le frère de Claire il est le parrain d’Elisa. Sa marraine est Elisa MARTINI, une jeune cousine du côté des IMBERT dont les parents sont marchands de porcelaine. Mais Elisa MARTINI décède vers ses vingt ans de tuberculose, ses parents reportent alors sur notre Elisa, toute l’affection qu’ils avaient pour leur fille. Ils la surnomme même « Lilette » comme ils surnommaient leur fille (peut-être est-ce de la qu’aujourd’hui nous la nommons Lisette).
Elle a souvent faim au début, car sa sœur aînée Jeanne boit une grand partie du lait de son biberon qu’elle remplace par de l’eau. Il a fallu que sa mère s’inquiète d’entendre souvent pleurer son bébé, surveille l’aînée et s’en aperçoive.
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Les Loubes
Après le décès de son père le 14 juin 1919 qui le 23 avril n’avait pu signer l’acte de naissance de sa dernière pour invalidité, le reste de la famille s’installe au quartier des Loubes, à Hyères les Palmiers, dans la maison Barbarousse (à cause d’un homme qui avait vécu dans cette maison et qui avait une barbe rousse).
Cette propriété a des orangers derrière la maison et Maria IMBERT y est habilleuse de fruit : à l’époque il fallait bien présenter les fruits dans les clayettes. Elle y aide aussi pendant les vendanges en contrepartie de la location.
Thérèse, la mère de Maria qui est veuve aussi, vient habiter avec sa fille et ses petits-enfants. Noune comme l’appelle Elisa, a son petit potager : des haricots verts, petits pois, tomates, persil ... : de quoi nourrir la famille. Pour cela, elle élève aussi des poules et des lapins.
Maria a une sœur Anna, qui habite également aux Loubes, mais un peu plus loin, dans la maison « La Cagui » (car dans le temps, bien avant barbe-rousse, vivait dans cette maison un homme qui au moment d’aller travailler avait toujours envie de « caguer » (c’est à dire en provençal d’aller crotter). Cette tante Anna mourra plusieurs années plus tard brûlée vive en voulant réchauffer le repas de son mari qui venait manger. Ce couple n’a pas eu d’enfant.
Photo de famille : Elisa est la petite puce assise sur la chaise haute
A sa droite Paul son frère et à sa gauche sa soeur Antoinette
puis derrière en noir Maria la maman avec la soeur ainée.
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La poupée à tête de porcelaine
C’est dans ces années aux Loubes que les MARTINI offrent à Lisette une superbe poupée avec la tête en porcelaine : une merveille pour une petite fille qui allait derrière la maison chercher des morceaux d’assiette pour jouer.
Mais voilà que son grand frère Paul, un peu terrible comme beaucoup de grand frère, a un jour une super balle qui rebondit toute seule très fort avec peu d’élan. La poupée de porcelaine est bien sage sur une chaise et voilà que la balle qui a pris beaucoup d’élan vient rebondir sur la tête de la poupée. Bien sur, autant dire que c’est la catastrophe : la poupée n’a plus de tête.
Qu’a cela ne tienne, Noune lui en fera une avec de vieilles chaussettes, mais la poupée a perdu de sa grâce. Mais, quand on n’a pas de jouet et pour cadeau de Noël que des oranges, on ne fait pas la difficile.
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L’école depuis Les Loubes
Maria, avec ses enfants qui vont à l’école, continue de s’instruire, de perfectionner sa lecture et son écriture.
Lisette qui grandit va d’abord à l’école Saint Paul, dans le haut de Hyères, promenade de 6 Km aller et autant retour, car c’est toujours à pied qu’elle s’y rend.
Dans cette école Saint Paul, une institutrice restera dans son souvenir et celui de plusieurs autres élèves, par sa méchanceté : de longue punition à genoux par terre les mains sur la tête, des coups de règle métallique sur le bout des doigts en tenant bien les mains des élèves afin qu’ils ne puissent pas les écarter. Le nom de cette institutrice terreur était Madame Centrale. Mais un jour, cette Madame Centrale qui porte toujours des chapeaux, a enlevé sa perruque en enlevant son chapeau : superbe vengeance pour tous ces élèves qui en rient encore.
Pendant cette époque , Lisette aide sa mère à faire l’élevage de vers à soie en allant ramasser des feuilles de mûriers.
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L’Almanarre
En février 1929, la famille dont Noune fait toujours partie vient habiter dans la « campagne » à l’Almanarre dont sa mère devient propriétaire maraîchère grâce à l’aide son ancien patron.
C’est dans ces années là, que Bruno le frère de Maria qui habite La Farlède perd sa femme d’un cancer de la thyroïde. Il ne supporte pas ce départ, et après être venu rendre visite à Maria à l’Almanarre, il repart chez lui et au passage à niveau de LA FARLEDE se jette sous un train qui passe.
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Le certificat d’études
Lisette, elle, va à l’école Jules Ferry Avenue Gambetta à Hyères ce qui lui permettra de gagner quelques kilomètres à pied, où elle passe son certificat d’études faisant d’elle la seule enfant de la famille a avoir son certificat d’études. Elle continue même encore une année de plus, mais sa mère ne pouvant plus subvenir aux frais elle doit venir travailler à la campagne.
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Un métier à pile ou face
Trouvant la terre un peu trop basse, et n’aimant pas beaucoup avoir le derrière en l’air elle fait une demande de travail aux Dames de France à Hyères, et à l’Assistance Publique à San-Salvadour.
C’est l’hôpital de San-Salvadour qui le premier lui lance un appel et l’embauche le 18 juin 1935, mais à l’essai car elle n’a pas encore 18 ans.
N’ayant jamais eut de confirmation de sa période d’essai elle quittera donc l’assistance publique le 1er septembre 1975 toujours à l’essai après avoir en tant que surveillante générale inauguré le service des urgences, puis le service de cardiologie de l’hôpital Henri Mondor à Créteil.
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Les petites culottes de Lisette
Noune est très choquée de voir les petites culottes à la mode de Lisette (culottes qui arrivent tout de même à la taille et enveloppent les fesses, ce ne sont pas encore les strings des années 1990) qui sèchent sur le fil à linge et lui dit « tu crois que ça te cache quelque chose » et Lisette de lui répondre « et toi, qu’est-ce qu’elles te cachent tes culottes fendues ».
En effet Noune porte les culottes des femmes de son époque, c’est à dire des culottes à jambes longues jusqu’au genou mais fendues entre les cuisses. Cela permet aux femmes de faire pipi debout les jambes écartées !!! Bonsoir les odeurs !!!
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Deux garçons
D’un premier mariage du 20 avril 1937 avec Jean-Marie Raphaël BOUFIGLIO, naissent en juin 1940 et mars 1943 deux garçons qui ne vécurent que quelques mois, prénommés chacun Daniel. J’aurai pourtant bien aimé avoir des grands frères. Ce mariage malheureux est dissout le 18 janvier 1943.
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Un beau gars, mais quel ours
Entre temps, à l’hôpital de San-Salvadour, Lisette rencontre un bel homme dénommé Jean qui, prisonnier évadé d’Allemagne est venu y chercher du travail en zone libre après avoir été faire du ski à FONT-ROMEU dans les Pyrénées Orientales.
Elle trouve ce garçon un peu trop ours et n’envisage même pas de faire l’amour avec lui !!!. Afin d’essayer de l’amadouer, car elle doit tout de même lui trouver quelque chose d’attirant, elle lui donne à la cantine sa bouteille de vin ( car elle n’en boit pas encore) contre du sucre.
Finalement, est-ce le vin ou le sucre, mais en tout cas un déclic c’est produit, et Jean viendra dormir dans la chambre de Lisette à l’hôpital San Salvadour, dans un lit de 90 cm de large. Il laisse ainsi sa chambre souvent libre.
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Lisette monte à Paris
Elle monte à Paris en septembre 1943, travaille à l’hôpital Tenon en service de maternité. Jean la suivra 15 jours plus tard pour travailler à la pharmacie de l’hôpital de la Salpétrière.
Elle loge à l’hôpital Tenon, lui loge à Draveil chez ses parents. Ils cherchent une chambre pour vivre ensemble.
Lisette, ma maman aurait eu aujourd'hui 87 ans, elle s'en est allée le 16 octobre 2005.
Ceci est le début du livre que j'ai écrit (histoire vraie) pour ses 80 ans.
Même si nos relations n'ont pas toujours été très faciles, je pense à elle bien souvent. Et j'ai , aujourd'hui le coeur très lourd.