Cela fait plus d'un an qu'il est terminé, et quelques mois que son propriétaire l'a récupéré. Oui, je sais j'ai mis du temps à vous en
parler, mais bon on va dire que le coeur n'y était pas.
Voilà je répare et Jean-Claude sera peut-être heureux de voir ainsi la restauration de son fauteuil.
Car bien entendu, je vous parle fauteuil.
Tout d'abord, il était comme ça au départ, un peu abimé par letemps, et par les chiens.
Je l'ai d'abord tout déshabillé et là surprise .... il était cassé. La traverse du dos, en haut, était en trois morceaux ...
Au boulot.
C'est souvent que cela arrive quand on déshabille un fauteuil ... c'est toujours une découverte. Et de toute façon un bon collage s'impose dans la plupart des cas.
Alors quelques tourillons, et collage. On n'est pas trop de 4 mains, heureusement mon chéri était encore là pour m'aider.
Vous apercevez en haut à droite les 2 petits ronds plus blancs ce sont les tourillons de réparation.
Ensuite, un petit coup de râpe pour casser les angles afin de poser facilement les semences et on attaque.
Les sangles et les ressorts. C'est toujours mieux de mettre des ressorts neufs, mais là en plus y n'y en avait pas. Donc pose croisée des sangles sur lesquelles je vais coudre les ressorts.
Et puis, guinder les ressorts, un peu de force pour les abaisser grâce à la corde à guinder.
Fixer les cordes sur les ressorts et entre elles par des noeuds, et fixer les cordes sur le bois avec des semences de 14.
Et voilà tout est prêt pour accueillir la toile forte qui servira de plancher au crin. Poser la toile forte et la fixer sur le bois par des semences de 9 sans tension particulière.
Fixer à nouveau les ressorts sur la toile forte avec une grecque. Le fils n'est pas coupé et il prend le chemin le plus court pour fixer chaque ressort à quatre points.
Avec des points flochés préparer les boucles qui serviront à la pose du crin végétal. Ce sont ces boucles qui fixeront le crin à la toile forte. Elles doivent avoir la hauteur d'une épaisseur d'une main entre 7 et 8 cm de large réparties équitablement sur la toile forte.
Et on pose les premiers rouleaux de crin sur le pourtour du siège.
Et on roule, on roule des bandes de crin de largeur lègèrement inférieur à la largeur des boucles. On en tâte le volume pour qu'elles soient à peu près identiques.
Et le siège se remplit et se "coiffe" d'une belle toison que l'on doit travailler à nouveau pour casser les rouleaux, on appelle cela carder.
Puis on pose une toile d'embourrure, toile un peu plus lâche que la toile forte mais très solide, qui enveloppera le crin et permettra les piqures.
C'est l'emballage qui permet au crin de prendre la forme du siège.
Et là on effectue une traction sur la toile pour bien envelopper le crin.
Puis on prépare et fait les points de fond. C'est ce qui maintiendra le crin en place.
On s'assied un peu pour tasser et que le tout prenne sa place.
Et là seulement on fixe la toile d'embourrure sur le bois avec des semences n° 9.
Puis, on s'attaque aux points de garniture. C'est eux qui donneront plus de résistance au crin sur les bords du siège et fixeront la forme du siège.
Il y a plusieurs types de points en fonction du style de siège.
Et à nouveau, quelques l ignes de fils au point avant qui serviront de fication au crin animal.
Le crin animal permet de supprimer les irrégularités, et les creux causés par les piqûres. La couche de crin n'est pas aussi épaise que pour le crin végétal.
Et l'on emballe tout cela sous une toile blanche qui sert de propre et à maintenir le crin animal. Sans oublier, pour les crapauds, la pose d'une petite tige de laiton sur laquelle nous fixerons les différentes épaisseurs de tissus du dos.
Et voilà on commence la pose de la toile forte pour le dos. C'est ce qui maintiendra le dos. Ici on ne pose pas de sangle. Mais le dos est cintré, alors on procède par étapes.
Bien fixer le droit fils dans le bas à l'aide de houzeaux fixés très serrés (vous voyez leur rangée blanc et jaune)
Après crantage, et tirage sur la toile on arrive à lui faire prendre la forme du dossier.
Tout en bas, on rabat à l'arrière et maintient sur la tige que vous avez vu plus haut, à l'aide d'une couture.
Mais si l'on devait s'asseoir dans le fauteuil avec un dos pareil, cela ne serait pas très confortable, alors ... On coud des boucles, comme sur l'assise, qui recevront le crin végétal.
Et on garnit de bandes de crin roulées.
En premier sur le dessus, puis on remplit.
Et voilà, y a plus qu'à carder.
Mais non le siège n'est pas fatigué, c'est juste que c'est plus facile pour mon dos de travailler ainsi.
Et pose de la toile d'embourrure qui à ce stade demandera d'être coupée aux formes du fauteuil et cousue.
Et préparation des points de fond et piqûres. Vous remarquerez que c'est mesuré et pas fait au pif comme ça.
Les points de fond sont faits,
on s'attaque au piqûres à points perdus, qui maintiendront le crin en place sur le bord.
Les piqûres étant terminées, une belle couche de ouate rendra l'assise plus agréable. Ca pique un peu le crin animal qui traverse la toile blanche.
Et là on joue un peu du ciseau pour le fond, mais devant on déchire la ouate.
Et voilà la ouate est en place ....
Y a plus qu'à commencer à mettre le tissus.
Et là j'ai fait fort, j'ai utilisé un tissus de vêtement, un velour de panne, c'est extensible et ça surprend au début.
Mais avant j'avais essayé un beau velour rose, mais pas assez de tissus exploitable, et posé en vertical il prenait une couleur serpillière pas jolie du tout la couleur.
Je l'ai laissé sous la panne de velours grise, ça renforcera l'assise.
Un petit peu de crin animal, pour remplir les creux dans le dos.
Et pose de la toile blanche. Comme pour la toile d'embourrure, il va falloir jouer des ciseaux et coudre afin de donner une belle forme au siège.
Marquer avec les houzeaux, puis couper puis piqure machine.
Et voilà le travail !!!!
Bien tendue la toile blanche donne déjà fière allure au fauteuil.
On peut commencer à poser le tissu définitif. Mais comme celui-ci est extensible et bien j'échapperai à d'autres coutures.
Et pose de toile forte sur l'arrière du dos, pour faire propre et soutenir le tissus. Bien tendue et pas de couture.
Un peu de ouate pour cocooner le fauteuil et une toile blanche. Normalement on ne met pas de toile blache, directement le tissus, mais là mon tissus étant assez fin ce sera mieux.
Puis pose d'un passepoil fabriqué par moi, dans le tissus.
Et enfin pose du tissus.
Mais là pas de semence, il faut faire une piqûre invisible dans le passepoil. J'adore cette couture, même si c'est un peu long. C'est vraiment invisible, et je ne l'utilise pas qu'en restauration de siège.
Les semences, j'en mettrai bien entendu pour fixer le tissus sous le siège après l'avoir tendu, juste avant le jaconas (tissus que l'on met tout à la fin, sous le siège pour faire propre).
Et voilà une grande première, un crapaud de l'espace !!!!!
Claude mon prof de siège, a voulu avoir ce siège à l'expo de fin d'année en juin 2010. IL a d'ailleurs basé l'expo sur le gris justement à cause de ce siège. C'est invraissemblable de réaliser un crapaud sans couture et pourtant j'y suis arrivée avec ce tissu.
Voilà le siège qui trône tout en haut de l'expo. Exposition de fin d'année 2010 des Ateliers de la Cours Roland à Jouy-en-Josas